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Témoignage de Vanesa

Je m’appelle Vanesa, j’ai 32 ans, je suis infirmière et maman de 3 enfants de 6 ans, 3 ans et 10 mois.

J’ai toujours voulu avoir des enfants. Fonder une famille était pour moi un but, un objectif que je souhaitais atteindre à tout prix. Avec mon mari, nous avons eu notre fille à l’âge de 26 ans. Nous étions si heureux d’accueillir notre petite princesse que nous ne nous soucions pas des futures semaines et mois à venir. Et notre fille nous a donné raison : elle était adorable, le bébé modèle.

Notre fils a agrandi notre famille trois ans plus tard. Mais les premiers mois ont été très compliqués : bébé pleure tous les jours sans arrêt, il dort la nuit dans mes bras, a besoin de contact permanent. Cela m’épuise, mais à cette période, je ne m’en rends pas encore compte, je n’arrive pas à m’arrêter. Mon mari ne m’aide pas comme je l’aurais souhaité, il est présent tout en étant absent. Je suis sur tous les fronts.

« J’ai créé dans mon esprit cette image de la maman parfaite que je me devais d’atteindre »

A cela s’ajoute mes attentes en tant que maman qui me poussent à la perfection et m’épuisent aussi. J’ai créé dans mon esprit cette image de la maman parfaite, qui concocte de bons petits plats tous les jours, qui fait beaucoup d’activités avec ses enfants. Une maman qui s’occupe de la maison tout en travaillant et en élevant ses enfants. Une maman qui est bien habillée, maquillée et qui n’a pas de corbeille à linges sales qui déborde. Bref, une maman comme représentée dans les médias. J’ai tendu vers cet idéalisme de maman parfaite à tel point que si je n’atteignais pas ce que je m’étais fixé, je me sentais coupable, honteuse.

Après avoir vécu deux années épuisantes, exténuantes, je confie à mon époux que je ne souhaite pas avoir de 3e enfant avant quelques années. Je veux me reposer. Je veux récupérer, afin de pouvoir mieux me consacrer à notre futur 3e bébé. Mais la nature en a décidé autrement : j’apprends que je suis enceinte au mois d’octobre 2020. Cette grossesse était désirée, mais elle est venue plus tôt que prévu. Je suis heureuse mais j’appréhende aussi.

Tout ce passe pour le mieux, une grossesse qui se déroule très bien. Je continue mon travail à temps partiel jusqu’à mon 7e mois. Notre 3e bébé voit le jour au mois de mai 2021 par césarienne. Les débuts ne sont pas aussi laborieux que la dernière fois. Les seuls moments exigeants sont les soirées, car notre fils souffre de coliques et se décharge émotionnellement. Hormis les soirées fatigantes, il est calme et facile à vivre. Il fait même ses nuits à 7-8 mois. Alors que son grand frère, qui a deux ans, ne fait pas encore de nuits complètes.

« J’effectuais les tâches quotidiennes comme un robot. Je faisais uniquement ce qui était indispensable pour vivre. Rien de plus. Je ne me reconnaissais plus. »

Depuis trois ans, j’accumule la fatigue, une fatigue intense, un épuisement important. Petit à petit, je commence à avoir moins de patience, à crier de plus en plus sur mes enfants. Je souffre aussi d’insomnie. Je commence à faire de moins en moins d’activités. Je ne sors presque plus : penser à tout ce que je dois faire avant de sortir avec les enfants, me semble insurmontable. Comme si je devais gravir l’Everest. La motivation me fait défaut et l’élan vital a disparu. Je ne souris plus et je pleure en silence seule dans la chambre ou la salle de bain. Je ne veux pas que mes enfants me voient ainsi.

Le plus dur à vivre sont les émotions : l’anxiété, l’angoisse, la nervosité, la tension interne, la culpabilité, la tristesse. Et certains jours, le vide. Le vide interne. J’effectuais les tâches quotidiennes comme un robot. Je faisais uniquement ce qui était indispensable pour vivre. Rien de plus. Je ne me reconnaissais plus. Je n’assumais plus mon rôle de maman, tout m’était devenu pénible.

 « Je me sens coupable d’être la maman de ces trois petits anges. Ils ne méritent pas ça, surtout notre petit dernier. Je m’en veux si fort qu’il m’est même arriver d’avoir des idées noires. »

Et puis un jour, je craque une fois : mon fils a pleuré toute la journée, les deux plus grands ont aussi été très agités. Quand mon mari rentre, je lui demande de s’occuper des enfants pour que je puisse sortir m’aérer. Mais il m’annonce qu’il va jouer au foot avec des amis, et il part alors que je suis là, assise contre le canapé en train de pleurer. Je craque, je fais une crise de nerf. Je tremble, je pleure et je ne peux plus me calmer. Mon réflexe a été d’appeler ma petite sœur pour qu’elle vienne m’aider. Grâce à elle, j’ai consulté pour la première fois. Le diagnostic tombe : je souffre de burn-out parental, mais surtout de dépression post-partum. Je ne comprends pas, cela ne peut pas m’arriver à moi. J’ai honte, honte de ne pas pouvoir m’occuper de mes enfants. Honte de dire que je suis malade. Et coupable aussi. Coupable de ne pas être à la hauteur, coupable d’être la maman de ces trois petits anges. J’étais désolée d’être leur mère. Ils ne méritent pas ça, surtout le petit dernier. Je m’en veux tellement, je ne devrais pas lui imposer une maman malade. Il ne devrait pas avoir une maman en dépression.

Il m’est même arriver d’avoir des idées noires, de vouloir que tout s’arrête. Je n’avais pas d’idées suicidaires à proprement parler, mais très souvent je me disais que ce serait plus facile si je n’étais plus là. Parfois, je m’imaginais au volant de ma voiture sur une route desserte, conduire et lâcher le volant en me disant qu’il arrivera ce qui doit arriver. Et puis, je voyais les sièges de mes enfants à l’arrière et je revenais à moi : non, je n’ai pas le droit de les priver de leur mère. Ils ont besoin de moi, besoin d’une maman et aucune autre femme ne pourra prendre mon rôle. Je suis leur maman.

Je commence donc mon suivi chez le psychiatre ainsi qu’un traitement médicamenteux. Ce n’est que le début d’une longue prise en soins.

Le 31 décembre 2021, alors que j’amène mon bébé aux urgences, je craque pour de bon. Les médecins décident de nous hospitaliser avec mon bébé. Et cette hospitalisation a été un électrochoc pour toute ma famille. Elle m’a permise de me rendre compte que je souffrais d’une maladie très difficile à vivre au quotidien et qui ne peut guérir spontanément et surtout pas sans aide de professionnels. 

« Aujourd’hui, j’ai appris que mes enfants n’ont pas besoin d’une maman parfaite, mais juste d’une maman. Une maman suffisamment bonne. »

Aujourd’hui, je me sens mieux. Beaucoup d’actions concrètes ont été mises en place pour m’aider à me soigner, me soulager et me reposer : suivi psychiatrique et pédopsychiatrique, garderie à 100%, aide au ménage, soutien de la famille proche et soutien financier grâce à une assistante sociale. J’ai parcouru un grand chemin pour en arriver là où j’en suis actuellement. Je suis consciente qu’il me reste encore du travail à accomplir. Mais je me battrai pour mes enfants, pour mon mari. Pour mon bien-être.

Et surtout, aujourd’hui, j’ai appris que mes enfants n’ont pas besoin d’une maman parfaite, mais juste d’une maman. Toutefois, j’apprends encore comment être une maman suffisamment bonne et non excellente. Mais j’y arriverai, j’ai retrouvé la force et la motivation qui m’ont tant fait défaut ces derniers mois.

Aujourd’hui, j’ai aussi envie de crier haut et fort : une dépression post-partum peut arriver à n’importe qui et surtout après n’importe quelle grossesse (1er, 3e ou 5e). Aucun parent ne devrait avoir honte de demander de l’aide. Ensemble, nous pouvons rendre cette maladie moins taboue. Parlons-en, faisons de la prévention. Parce que plus vite cette maladie est diagnostiquée, meilleures sont les chances de guérison.