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Témoignage d'Emma

Un an après le diagnostic d’une dépression post-partum, Emma, une jeune maman qui a vécu cette maladie après son premier accouchement, parle ouvertement avec notre Association de son chemin pour guérir.

Emma, peux-tu nous raconter. Quand a-t-on diagnostiqué une dépression postpartale chez toi ?

Je me souviens exactement de la date. On m’a diagnostiqué une dépression post-partum le 11 janvier 2020 après quatre semaines d’angoisse, de pleurs et d’envie de mourir. En fait je me souviens que j’ai vu une amie à cette époque qui m’a parlé de dépression postpartale et elle m’a dit qu’il était possible que je souffre de cette maladie. Puis, elle m’a conseillé, d’appeler ma sage-femme. Du coup j’ai eu ma sage-femme le lendemain au téléphone et c’est elle qui m’a envoyé à l’hôpital. Lorsque j’ai vu la psychiatre de garde qui était là, je lui ai expliqué tout ce que je ressentais, ce qu’il m’arrivait, elle m’a dit que c’était une dépression postpartale et que je ne pourrais pas rentrer chez moi le soir. Donc je suis restée durant trois semaines dans cet hôpital psychiatrique sans mon enfant.

A ce moment, combien de temps s’était écoulé entre l’accouchement et le diagnostic ?

Trois mois après l’accouchement on m’a diagnostiqué la dépression postpartale. Mais les symptômes avec des crises de peur ont commencé 2 mois après mon accouchement.

Peux-tu décrire tes symptômes ou nous dire comment tu as senti que tu n’étais pas toi ?

J’avais un grand sentiment d’abattement. J’avais l’impression que tout le poids du monde était sur mes épaules, que je n’arriverai jamais à rien. J’ai passé des heures à attendre sur mon canapé. Aujourd’hui je ne sais même pas ce que j’attendais. Je me posais des milliers de questions et je pleurai des heures.
La chose la plus grave qui m’a fait vraiment penser et comprendre que j’avais un souci, c’était clairement l’envie de mourir. Le suicide que j’ai planifié. J’ai pensé comment où et à quelle heure. Je me souviens de cette journée de Noël, la fenêtre était grande ouverte…Si mon compagnon n’avait pas été là, j’aurais sauté.

C’est donc grâce à ton compagnon que tu n’as heureusement pas commis de suicide, qui d’autre t’a aidé pour sortir de la maladie ?

J’avais une bonne équipe à l’hôpital psychiatrique et puis grâce à cette Association j’ai pu trouver une place à la station mère-enfant à Affoltern am Albis (remarque de la rédaction : par chance cette maman parle allemand et elle a trouvé une place en Suisse alémanique). Donc j’étais vraiment très bien entourée par l’équipe médicale. Côté privé, mon compagnon avait tellement peur, il ne comprenait pas ce qu’il m’arrivait. Heureusement des membres de nos familles sont venus pendant ces semaines difficiles pour nous soutenir. Comme j’étais sans ma fille à l’hôpital psychiatrique il a fallu quelqu’un qui nous aide à la maison. Nos familles ont été exceptionnelles mais aussi nos amis.
J’étais donc super bien entourée mais en même temps la maladie fait que tu te sens seule car on ne comprend pas ce qui nous arrive et ce qu’il se passe dans nos têtes. Je dirai que mon entourage a été globalement bienveillant et patient, même encore maintenant car, un an après ce n’est pas terminé pour moi. Mais il y aura toujours des personnes de notre entourage qui ne saisissent et ne comprennent pas vraiment ce qu’est une dépression postpartale, des personnes extrêmement proches même.

Aujourd’hui, 1 an après ton diagnostic, comment tu te sens ?

Je me sens mieux mais j’ai encore de grosses angoisses parfois. Il y a quelques jours, j’ai encore fait une crise. Il y a des moments difficiles, mais ceux- ci durent beaucoup moins longtemps. Et maintenant je connais des stratégies pour y remédier. Je prends une douche bien chaude ou je vais marcher.

Quoi d’autre t’a aidé pour te calmer ?

J’ai appris une méthode olfactive. Prends un flacon d’huile essentielle de lavande ou de clémentine. En sentant le parfum, le cerveau se concentre sur autre chose que les sentiments négatifs. Sentir fait se concentrer sur autre chose et ça fonctionne très bien avec moi. Il faut prendre le temps, respirer le parfum.
Marcher, j’ai trouvé ça toute seule, avant je ne marchais pas et avec la dépression j’ai découvert un nouveau loisir, c’est un point positif.
Sinon ce qu’il m’a beaucoup aidé pendant que j’étais à l’hôpital, c’était de faire du coloriage, jouer avec les couleurs. Je me concentrais sur de petits motifs, des mandalas. Je suis également sous traitement avec des antidépresseurs. Il ne faut pas négliger et sous- estimer le traitement médicamenteux.
Et bien sûr ce qui m’a aidé énormément, c‘était de savoir que je n’étais plus seule. La première journée lorsque je suis arrivée à la station mère-enfant, enfin avec ma fille, la première nuit j’ai tellement bien dormi. Je me suis dit, je ne suis pas la seule et ça m’a fait un bien fou. Voir d’autres femmes et d’autres enfants qui sont dans la même situation que nous m’a soulagée. A mon sens, ce type de structure devrait exister dans toutes les villes du monde entier.

Si tu rencontres ou si tu entends parler d’une femme ou de son partenaire qui ne va pas bien après l’accouchement, que leur conseillerais-tu ?

Je leur proposerai de faire le même parcours que moi. C’est-à-dire d’appeler la sage-femme et de voir avec elle vers qui elle peut t’orienter et si tu n’oses pas appeler, vas aux urgences de ton plus proche hôpital directement et parles honnêtement, il ne faut pas rester dans le mal et souffrir en silence toute seule. La première chose et mon avantage est que je n’ai pas attendu, j’ai remarqué très rapidement que je n’allais pas bien et j’ai cherché et accepté de l’aide tout de suite. Il ne faut pas avoir peur et admettons que ce n’est pas une dépression postpartale ce n’est pas bien grave, au moins on sait déjà ça, qu’on n’est pas malade. Mais surtout il ne faut pas hésiter. On a déjà tellement peur quand on a cette maladie donc je conseille vraiment de demander ouvertement de l’aide.

Un grand merci pour l’interview et de nous avoir raconté si ouvertement ton histoire !