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Témoignage de Nina B.

Avec le recul, ma première dépression post-partum n'était pas vraiment une surprise et il est triste qu'elle soit passée inaperçue pendant très longtemps. Je ne blâme personne pour cela, car j'ai tellement essayé de cacher ce que je ressentais et c’était quasiment impossible pour mes proches de reconnaître que quelque chose n'allait pas. Ma première grossesse s'est déroulée sans difficultés. A l’époque nous avons déménage en Suisse. Peu de temps avant mon terme, j'ai vécu dans mon entourage de très près la perte d'un bébé. Avant et après la naissance de mon fils, j’étais dans un chaos émotionnel, j'ai évolué avant et après la naissance dans une zone de tension entre la vie et la mort.

Cependant, après quelques semaines, j'ai eu le sentiment que tout allait bien. J'étais convaincu que j'avais tout sous contrôle, que dans six mois, je serais à nouveau moi - physiquement et mentalement. Trois mois après mon accouchement, ma mère a été victime d'un très grave accident de voiture. Elle est restée dans le coma pendant une semaine et on ne savait pas si et comment elle allait survivre. J'ai ensuite passé un mois en Allemagne pour être avec ma famille et pouvoir rendre visite tous les jours à ma mère aux soins intensifs. Pendant ce temps, je allaitais et toute cette situation m’a épuisée.

« J’ai beaucoup pleuré, la plupart du temps car j’étais désolée pour mon fils d’être sa mère »

Quand je suis rentrée chez moi, je me suis sentie complètement vide, j'avais plus envie de me lever. Je n'avais ni la force ni la motivation pour faire quoi que ce soit. Je me suis forcée à sortir avec le petit, à faire des choses de temps en temps, mais je me sentais complètement vide et fermée émotionnellement. Après 7 mois, j'ai repris le travail comme prévu - le début s'est bien passé. Mon fils était aussi content à la crèche. J'ai plus ou moins fonctionné pendant les 8 mois qui ont suivi. J'ai beaucoup pleuré, la plupart du temps car j’étais désolée pour mon fils d’être sa mère. J'étais sûre qu'il se sentait aussi seul et désespéré que moi et qu'il n'y avait rien que je puisse faire pour améliorer cette situation.

Environ 15 mois après la naissance de mon fils, mon médecin de famille a diagnostiqué une dépression. D’une part j'étais choquée et d'autre part, relativement peu de temps après, également soulagée. Il m'a mis en arrêt maladie pendant plusieurs semaines et j'ai commencé une psychothérapie corporelle. C'était essentiel pour moi - dans mon corps, les symptômes et les émotions refoulées étaient présents et je ne pouvaient plus les ignorés. Pendant ce temps, l'agitation intérieure était extrême et ma peur d'affronter ce qui se passait en moi était énorme. La thérapie m'a beaucoup aidé, mais elle était aussi extrêmement épuisante et intense, surtout les premiers mois. Je ne souhaitais rien d'autre que de pouvoir simplement disparaître - afin de ne plus avoir à porter ce fardeau insupportable qui m'accompagnait constamment. Je n'ai jamais pensé à me faire du mal - mais le souhait que moi et toute mon existence puissent s'évanouir m'accompagnait constamment et me donnait souvent des sentiments de culpabilité.

Le diagnostic de dépression post-partum a été un soulagement

Longtemps, j'ai été persuadée que je ne pourrais plus jamais être enceinte, car je ne survivrais pas à une autre crise. Mais après environ 8 mois de thérapie, je me suis sentie un peu plus stable et nous avons décidé de nous lancer à nouveau dans cette aventure. Encore une fois, je suis tombée enceinte rapidement. À 7 semaines de grossesse, j'ai appris que j’attendais des jumeaux. C'était une surprise et cela signifiait bien sûr de nouvelles inquiétudes et craintes. J'ai aussi rapidement remarqué que les personnes réagissent par le choc et la pitié au lieu de partager de la joie lorsqu'ils apprennent que j’attendais des jumeaux. Pendant ma grossesse, j'ai donc vécu de nombreuses expériences désagréables et douloureuses tant dans mon cadré privé et ailleurs.

C'était aussi une situation extrême pour mon corps. J'ai passé 4 semaines à l'hôpital au début de la grossesse parce que je vomissais constamment. Lorsque les jumeaux ne sont pas arrivés à terme (38 semaines), deux tentatives de déclenchement ont été faites au cours des deux semaines suivantes, ce qui a représenté plus de 20 heures de travail à chaque fois. Le jour officiel du terme (40ième semaine), la troisième tentative de déclenchement a fonctionné – la dernière chance avant la césarienne car les médecins ne voulaient plus attendre. Notre fils, le deuxième des jumeaux, est venu au monde sans vie après une naissance très intense et traumatique. Heureusement, après une assistance respiratoire et une perfusion, il s'est rapidement rétabli.

J'ai passé cinq nuits à l'hôpital, où l'on s'est très bien occupée de moi, et je me suis sentie étonnamment bien après mon retour à la maison. J'ai assisté à de nombreux rendez-vous et j'ai souvent eu des doutes : était-il possible que je me porte aussi bien après tout ce qui s'était passé ? Après 3 mois, soudainement, tout ce que je pouvais faire était pleurer. Sur les instances de mon mari, j'ai contacté ma sage-femme, qui m'a envoyé chez ma psychologue. Elle a fait le questionnaire EPDS avec moi et a directement organisé la prise de médicaments à base de plantes, car j'étais encore en train d'allaiter, ainsi que divers tests sanguins. Le diagnostic de « dépression post-partum » a été un soulagement absolu cette fois-ci - et j'ai rapidement réalisé que j'en avais également vécue après la première naissance.

L'année d’après, j'ai suivi une thérapie hebdomadaire et j’ai organisé une garde d'enfants plusieurs jours par semaine. J’ai vu un acupuncteur, un ostéopathe et j’ai fait bien d'autres choses encore. Et pourtant, je me sentais désespérée, je doutais de moi (« peut-être que je joue la comédie et que je ne suis pas du tout malade ? ») et je n'arrivais pas à croire que je finirais par me sentir à nouveau bien un jour. La situation a été encore plus compliquée car les experts de l'assurance des indemnités journalières de maladie ont certifié à plusieurs reprises que j'étais en bonne santé. Puis, j'ai également été confrontée diverses fois à des professionnels très insensibles (sage-femme, médecin, ...), ce qui est très difficile à vivre dans la crise. Cette fois encore, j'ai été accompagné par le fantasme que ce serait un soulagement si je pouvais simplement disparaître - et que ce serait finalement un soulagement à la fois pour moi et pour tous les autres.

« Je suis reconnaissante d’être là-bas et de pouvoir guérir »

Lorsque j'ai eu ma première crise de panique, environ 14 mois après la naissance de mes jumeaux, j'ai spontanément décidé qu'il était temps de faire un séjour stationnaire en milieu hospitalier. Cette option avait été mentionnée par ma thérapeute dès le début, mais pour moi c’était toujours vu comme une « dernière solution». Un mois plus tard, j'ai commencé une rééducation psychosomatique à la clinique Oberwaid de Saint-Gall. La décision et la planification du séjour, qui était prévu sans les enfants, ont été très difficiles sur le plan émotionnel, mais aussi sur le plan pratique et logistique. J'ai craint de m'effondrer complètement en arrivant là-bas.

J'étais incroyablement triste de « quitter les enfants » - bien qu'avec les parents de mon mari sur place, divers amis et connaissances qui donnaient un coup de main, et la crèche que mes enfants connaissaient bien, tout a été organisé au mieux. En avance, nous avons décidé que tous les matins, nous nous voyions au petit-déjeuner via FaceTime, ce qui me permettait de participer un peu à la vie de famille. Lorsque j’ai dit, quelques jours avant mon séjour, à quel point cela me rendait triste de ne pas pouvoir voir mon grand fils ainsi que son petit frère et sa petite sœur, pendant aussi longtemps, mon fils, qui avait presque 4 ans à l'époque, a répondu par une phrase très rassurante et apaisante pour moi : « Mais on se voit en te parlant sur FaceTime ?! » Pour moi, cela montrait que nous avions suffisamment préparé ce séjour et que les enfants savaient ce qui les attendait.

Quand je suis arrivée à la clinique, après une première phase d'installation, j’étais soulagée. Le cadre m’a mis en confiance et le programme varié (psychothérapie, thérapie de mouvement, de relaxation et un programme créatif) m'ont finalement permis de me calmer. Là-bas j’étais responsable que de moi-même, j’étais soulagée et j'ai pu accepter ma maladie. Chaque matin, nous avons eu un échange agréable et joyeux sur FaceTime, ceci m’a rassuré que j’aie pris la bonne décision pour moi et toute notre famille. Bien sûr, j'ai beaucoup pensé à mes enfants et à mon mari - mais je n'ai jamais été triste, plutôt reconnaissante de pouvoir suivre cette thérapie et de guérir. Tout mon entourage me soutenait et j’étais très reconnaissante.

J'ai quitté la clinique après 5 semaines et trois jours. A ce moment, je me sentais presque comme une nouvelle personne. Le début de la vie quotidienne a été difficile, mais je me suis finalement sentie capable de l'affronter et d’avancer en pleine conscience, à mon propre rythme. Compte tenu de la longue thérapie que j'ai suivie auparavant, le séjour à l'Oberwaid a été une véritable avancée pour moi - et la seule et bonne décision qui convenait à ma situation à ce moment-là. Bien sûr, j'ai continué à suivre une thérapie régulièrement par la suite et ce n'est qu'après un certain temps que j'ai commencé à arrêter lentement de prendre mes médicaments. Ce fut un long, difficile et éreintant chemin, mais qui m'a en fin de te compte rapproché à moi-même.

Après ces années difficiles, je suis particulièrement consciente de deux choses:

Aujourd’hui je me connais et me sens mieux dans ma peau et je suis également reconnaissante pour tout ce qui m'a permis d'en arriver là.

ET

Tous les (futurs) mères et pères devraient avoir accès à un soutien et à un accompagnement. A mon avis, pour éviter la souffrance à davantage de parents, il faut aborder ouvertement le sujet de la santé mentale autour de la naissance, faire de la prévention et de mettre en place un accompagnement plus spécifique.

Image: Nina est sortie de la crise et travaille dans notre comité de conseil depuis mars 2021. Elle est particulièrement intéressée par la prévention sur les DPP en général et les prestations de soutien spécifiques pour les parents de multiples.